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Degoumois, Jean-Victor (1893-1983)

Né à La Chaux-de-Fonds le 3 octobre 1893. Mort à Neuchâtel le 2 avril 1983. Epouse Alice Monnier, institutrice, en 1919. Trois enfants.
Il entreprend une formation d’horloger au Technicum de La Chaux-de-Fonds au début des années 1910. A l’âge de 20 ans, il reprend l’établissage de son père qu’il développe en adoptant la posture d’un rebelle assumé. A la défaveur de la crise des années 1930, D. se présente comme le champion de la dissidence horlogère. Alors qu’il est membre du Comité central de la Fédération horlogère (FH) à Bienne entre 1931 et 1933 et président du Syndicat patronal des producteurs de la montre de La Chaux-de-Fonds (SPPM) entre 1932 et 1934, il attaque en justice les organisations horlogères et le système cartellaire. De part son caractère systémique, l’« Affaire Degoumois » focalise l’attention de la profession ainsi que celle des autorités communales, cantonales et fédérales. Après une campagne de presse houleuse, D. est finalement débouté par le Tribunal fédéral en décembre 1934. A ce propos, les sources ne sont pas concordantes et toute la lumière n’a pas été faite sur le déroulé et sur le contenu précis des audiences. Alors que la presse régionale et professionnelle fait état d’une décision prise à l’« unanimité », le Journal des Tribunaux, par exemple, s’est toujours refusé à publier les considérants d’un arrêt qui risquait « de ne pas faire jurisprudence ».
Quoiqu’il en soit, D. est contraint de remettre l’ensemble de ses mandats d’administrateurs. Malgré la défaite, il restera très critique face à la politique des organisations patronales, la jugeant trop conciliante à l’égard des infractions aux conventions et donc incapable de lutter efficacement contre la concurrence internationale. Dès les années 1950, à la faveur de la décartellisation progressive, D. est un des premiers patrons de PME à se lancer dans l’importation de pièces détachées, dans la délocalisation de la production ainsi que dans une politique de concentration industrielle. A ce dernier titre, il fonde la Société des Garde-Temps SA (SGT) en 1968, holding qu’il préside jusqu’au 28 octobre 1971. Sous sa houlette, le trust poursuit une politique de rachat de marques horlogères dont Silvana à Tramelan, Helvetia à Reconvilier et L’Essor à Court, pour ne citer que ces quelques exemples.
Premier-lieutenant.

Auteur·trice du texte original: Johann Boillat, 22/02/2021

Dernière modification: 23/02/2021

Bibliographie

L’Impartial, 17 mai 1919 ; 6 décembre 1934 ; 2 et 6 avril 1983
FAN-L'Express, 6 avril 1983
Journal des Tribunaux, 1. Droit fédéral, Lausanne, 1935, 83e année, p. 72
Jean-Victor Degoumois, La réforme de la structure de l’industrie horlogère suisse, Neuchâtel, 1957, 23 p.
Johann Boillat, Les véritables maîtres du Temps. Le cartel horloger suisse (1919-1941), Neuchâtel ; La Chaux-de-Fonds : Alphil ; Editions Institut l’Homme et le temps, 2013, pp. 333-337, 483-487 et 569
Johann Boillat, « La Chambre neuchâteloise du commerce et de l’industrie. Un syndicat patronal entre dépendance et diversification (1934-2018) », in François Courvoisier et Laurent Tissot (dir.), Entreprises neuchâteloises, entre continuité et renouvellement, Le Locle : Editions G d’encre, 2018, pp. 207-230, ici pp. 212-220

Iconographie

Jean-Victor Degoumois (vers 1980). Source : FAN, 6 avril 1983, p. 3

Liens Metagrid.ch

Suggestion de citation

Johann Boillat, «Degoumois, Jean-Victor (1893-1983)», Dictionnaire du Jura (DIJU), https://diju.ch/f/notices/detail/1003812-degoumois-jean-victor-1893-1983, consulté le 19/04/2024.

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