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Faigaux, Jean-Pierre (père) (1746-1833)

De Malleray, où il est né le 22 décembre 1746 et décédé le 23 juillet 1833. Fils d'Isaac Faigaux (*ap. 1708 - †1789) et de Marguerite Miche, sa seconde épouse. Mentionné entre 1763 et 1768 parmi les habitants de La Chaux-de-Fonds, où deux de ses demi-frères (Isaac, horloger, et David, maréchal et cultivateur) l’avaient précédé. Après son apprentissage et avant son mariage, Jean-Pierre s’installe au Locle comme monteur de boîtes. Il y épouse le 29 avril 1775 Judith-Marie Perret-Gentil, fille naturelle du Sieur ancien Pierre Faure ? ou Favre ?, qui lui donnera trois enfants: Jean-Pierre le 11 janvier 1777, Frédéric-Louis le 22 janvier 1778 et Julie le 4 octobre 1779. Le père et la mère, probablement avec le reste de la famille, sont mentionnés à nouveau à La Chaux-de-Fonds dès 1785, dans le secteur du Grand Quartier. Le Rôle des habitants de la localité signale la présence de Jean Pierre Fégot, « monteur de boet » et de sa femme depuis la Saint-Georges (23 avril) de cette année-là jusqu’en 1791. Le document précise aussi qu’ils y vivent et travaillent avec une ouvrière en 1787 et un ouvrier l’année suivante, signe probable d’un certain développement de leur atelier.
Peu après la mort de son épouse, décédée le 12 ou 18 janvier 1791, Jean-Pierre revint avec ses enfants dans son village d'origine. Il conserva néanmoins de solides attaches avec les montagnes neuchâteloises où un certain nombre de Faigaux séjournèrent et s’installèrent après lui et où il fera encore un voyage en 1816. C’est à cette époque aussi qu’il commença son Journal qu’il tint régulièrement jusqu’en avril 1817. A Malleray, Jean-Pierre Faigaux paraît avoir exercé avant tout sa profession de monteur de boîtes, du moins jusqu'à l'annexion de la Prévôté au département du Mont-Terrible, événement qui va provoquer de très graves difficultés d'approvisionnement et de débouchés pour l'horlogerie jurassienne. Il semble aussi avoir  formé ses fils à son métier et envoyé au moins l’un d’eux à La Chaux-de-Fonds y compléter son apprentissage. En 1795, le Rôle des habitants signale la présence au Grand Quartier de « Fredrich-Louis Faigaux de Malleray, ouvrier monteur de boëtes chez Olivier Bourquin » avec la précision qu’il ne devait aucune taxe d’habitation.
Faigaux dut-il, comme tant d'autres, stopper sa production artisanale et se reconvertir dans l'agriculture et l'élevage ? En 1797, il est officiellement considéré comme "monteur de boîtes" alors qu’entre 1812 et 1818 diverses indications de son fils Jean-Pierre laissent supposer qu'il était aussi paysan et même un paysan important. L'annexion de la Prévôté à la France va provoquer un autre bouleversement dans la vie de Jean-Pierre Faigaux père: il sera nommé en décembre 1797 premier président du canton de Malleray, fonctions qu’il occupa seulement jusqu'aux élections de mars 1798 où il fut remplacé par Abram Grosjean, de Saules, parce que, nous dit-il lui-même : « l'ancien maire Charpié et Théodore Charpié laissèrent introduire dans l'urne 90 bulletins de plus qu'il n'y avait de votants » ! Dès lors, Jean-Pierre Faigaux père n'occupa plus aucune fonction publique, même pas au sein de sa commune où il mena une existence effacée. En 1813, son contemporain Charles-Ferdinand Morel le présente comme un « homme aussi distingué par ses nombreuses connoissances en botanique et en histoire naturelle, que par une modestie telle que ses connaissances sont ignorées de la plupart de ses concitoyens ».
Eloigné des affaires publiques et se livrant à l'étude, Jean-Pierre Faigaux père n'en resta pas moins attentif à l'actualité politique et sociale de la Grande Nation et aux transformations que le régime français allait opérer dans son village. Ainsi, par exemple, dénonce-t-il sans cesse le relâchement des moeurs qui sembla s’y manifester sous le Consulat et l'Empire et auquel il paraît avoir lui-même succombé. En effet, il conçut lui-même hors mariage avec Lidie (Lydia) Girod (1775-1840), veuve habitant Champoz, qui mit au monde deux garçons. Ses deux fils du second lit, Ferdinand (†1834) et Victor (†1840), naquirent le 3 décembre 1804 et le 31 octobre 1806. Mais il est vrai aussi que Faigaux finit par faire légitimer ces deux enfants lorsqu'il épousa leur mère le 11 novembre 1824.

Auteur·trice du texte original: Cyrille Gigandet et Emma Chatelain, 14/10/2005

Dernière modification: 04/04/2022

Bibliographie

André Bandelier (dir.), Théophile-Rémy Frêne. Journal de ma vie, volume V, Porrentruy : SJE; Bienne : Intervalles, 1993, p. 429
Cyrille Gigandet, Vivre à Malleray au XIXe siècle. Etude d’une commune agricole d’après les témoignages laissés par quelques-uns de ses habitants: Jean-Pierre Faigaux (père et fils), Frédéric-Louis Blanchard, David-Louis Miche, La Neuveville : ChronoRama Editions, 2021.06, 120 p. (en format PDF accessible sous https://socrec.fr/vivre-a-malleray/)
Cyrille Gigandet, Jean-Pierre Faigaux père (biographie accessible sous https://socrec.fr/jean-pierre-faigaux-pere/)
H[ippolyte] Sautebin, « Journal de J.-P. Faigaux de Malleray », Actes de la Société jurassienne d’Emulation, 19, 1919, pp. 136-191

Suggestion de citation

Cyrille Gigandet et Emma Chatelain, «Faigaux, Jean-Pierre (père) (1746-1833)», Dictionnaire du Jura (DIJU), https://diju.ch/f/notices/detail/1875-faigaux-jean-pierre-pere-1746-1833, consulté le 24/04/2024.

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