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Wenger SA, Delémont

Coutellerie fondée en 1893 à Courtételle, installée depuis 1900 à Delémont. En 1893, Paul Boéchat (administrateur, imprimeur à Delémont), Amédée Comte (principal bailleur de fonds, maire de Courtételle), Achille Maître (mécanicien-horloger) et Joseph Vultier (coutelier) décident de fonder la fabrique de couteaux Paul Boéchat & Cie à Courtételle. L'époque est marquée par le développement industriel de la Vallée de la Sorne permis notamment par le développement des chemins de fer entre 1872 et 1877. D'autres fabriques voient aussi le jour dans la région, par exemple Condor fondée en 1893 à Courfaivre. Connaissant néanmoins des difficultés financières, la société Boéchat & Cie est rachetée par des personnalités de Delémont qui fonde alors la Fabrique suisse de coutellerie SA le 2 mai 1896. Deux directeurs se succèdent à la tête de l'entreprise mais sans parvenir à lui assurer un fonctionnement stable. C'est alors, en 1898, que Theodor Wenger va prendre la direction de l'usine. Le 18 juillet 1898 déjà, quelques mois après son entrée en fonction, il rachète, au nom de la fabrique, l'entreprise de cuillères et fourchettes A. Mertens, Schweizer Britanniametallwarenfabrik, à Bâle. En août 1898, les statuts de la société doivent alors changer et elle devient la Fabrique suisse de coutellerie et d'articles en métal Britannia SA. Tout le matériel et le personnel de Bâle sont transférés à Delémont. La vente des produits des usines augmente rapidement et nécessite donc des locaux plus grands. C'est pourquoi, en 1900, l'entreprise est transférée à Delémont, à la route de Bâle. La société change une nouvelle fois de nom et devient la Fabrique suisse de coutellerie et services (Schweizer Besteckfabrik). Sa production se divise alors en trois catégories : les couteaux de table ; les couteaux de poche (dont, depuis 1900, le couteau de l'armée suisse) ; les articles en métal Britannia (cuillères, fourchettes, louches, bougeoirs, passoires, '). L'exportation se limite alors exclusivement à l'Italie. En 1905, Theodor Wenger décide de quitter la direction pour s'installer à Bâle où il s'occupe, avec Fritz Gygax, de la commercialisation des produits de la fabrique dont il a obtenu l'exclusivité. La situation n'évolue cependant pas comme prévu. L'entreprise périclite et cela, toujours après le remplacement du nouveau directeur, Hans Müry, par Stephan Winklausen (le 1er mai 1906). Theodor Wenger décide alors de racheter l'entreprise, ce qu'il réalise notamment grâce à un prêt de la Banque cantonale de Berne. Le contrat de vente est signé le 13 mars 1907 et la société prend désormais le nom de Wenger & Co. Elle devient une Société anonyme le 3 avril 1922. Theodor Wenger en est le principal actionnaire. L'entre-deux-guerres est une période difficile, inaugurée par la crise de 1921, pour l'entreprise qui achève régulièrement ses exercices sur un déficit. En 1925, Theodor Wenger est contraint d'abandonner la direction, pour des raisons de santé. Il se retire à Bâle tout en restant à la tête du conseil d'administration. Son neveu Hans Ruutz et Kaspar Oertli se partagent alors la direction de l'entreprise. A la mort de Theodor Wenger, en 1928, Oertli reste seul maître à bord et principal actionnaire après que la famille Wenger se soit retirée de la société. La situation de l'entreprise reste précaire jusqu'à la Deuxième Guerre mondiale qui permit une hausse du chiffre d'affaire, notamment par l'élimination des concurrents français et allemands. Après la guerre, la progression continue. En 1947, Max Oertli (fils de Kaspar) prend la succession de son père à la direction de l'entreprise. La présidence du conseil d'administration est elle assurée par Ernest Burri (1947-1953) avant de revenir à Max Oertli. L'entreprise est alors saine financièrement et va traverser de belles décennies. Son chiffe d'affaires va augmenter notamment grâce à une productivité plus élevées en raison d'une mécanisation accrue. Cette dernière va nécessiter un agrandissement des bâtiments qui va se faire en plusieurs étapes. En 1957 et 1966 l'usine est réaménagée ; en 1970, elle est agrandie ; en 1979, une nouvelle usine est construite. Finalement, en 1986, suite à un important incendie (16 septembre) qui ravage l'entreprise, un nouveau complexe, plus grand, est construit, après avoir occupé des bureaux provisoires. La production se tourne en outre de plus en plus vers l'exportation alors qu'elle est recentrée sur les couteaux de poche et les couteaux professionnels. Par contre, en 1988, Wenger se diversifie en lançant une collection de montres. Depuis 1980 et la mort de Max Oertli, c'est son beau-fils, Jacques Saucy (époux de Lisette Oertli) qui lui succède comme président du Conseil d'administration. A la direction de l'usine, on retrouve Alfred Freiburghaus puis Jean-Pierre Bühler et Maurice Cachot. Le 26 avril 2005, en raison de difficultés financières aggravées par les attentats du 11 septembre 2001 (le chiffre d'affaires a en effet baissé durant le début des années 2000), Wenger est rachetée par son concurrent d'Ibach (SZ), Victorinox (le seul, excepté Wenger, à fabriquer les couteaux suisses). Wenger reste cependant sur le marché comme une entité indépendante et autonome. Le trio de direction se compose de Carl Elsener Jr (directeur de Victorinox) et de deux Jurassiens, Jean-Bernard Vauclair (à la présidence du conseil d'administration) et Jean-Jacques Gunzinger (à la direction). Le capital-action passe quant à lui entièrement des mains de la famille Oertli à celles de la famille Elsener. Directeurs : 1898-1905 Théo Wenger 1905-1906 Hans Müry 1906-1907 Stephan Winklausen 1907-1925 Théo Wenger 1925-1928 Kaspar Oertli et Hans Ruutz 1929-1947 Kaspar Oertli 1947-1970 Max Oertli 1970-1983 Alfred Freiburghaus 1984-1989 Jean-Pierre Bühler 1989-2005 Maurice Cachot dès 2005 Jean-Jacques Gunzinger


Auteur·trice du texte original: Emma Chatelain, 04/04/2008

Dernière modification: 20/10/2011

Fonds d’archives

CEJARE (Saint-Imier), Fichier entreprises Jura

Bibliographie

Roger Schindelholz, « Quelques industries jurassiennes vues à la loupe : Wenger SA », in Les intérêts du Jura, 1965, n° 7, p. 164-168 François Kohler, « Industrialisation de la vallée de Delémont : les débuts de la coutellerie Wenger », in Actes de la Société jurassienne d'émulation, 1993, p. 281-304 François Koghler, « La coutellerie de Delémont », in Jura Pluriel, n° 23, printemps-été 1993, p. 42-47 La passion du couteau, Delémont, 1993 www.worldtempus.com/wt/1/11615/2983 (19.3.2008) : Le Journal du Jura, 27 avril 2005 http://archives.bilan.ch (19.3.2008) : Bilan, 1er juin 2005

Suggestion de citation

Emma Chatelain, «Wenger SA, Delémont», Dictionnaire du Jura (DIJU), https://diju.ch/f/notices/detail/6073-wenger-sa-delemont, consulté le 16/04/2024.

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