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Torrent (centrale hydroélectrique), Cormoret

A Cormoret, un moulin sur les sources de la Doux est signalé dès 1437. Il a vraisemblablement été entièrement reconstruit en 1585 et 1807. Dès le XVIIe s., il est complété par une forge à martinets. De 1640 jusque dans les années 1790, il est exploité par une famille de forgerons neuchâtelois, les Comtesse. Au cours du XVIIIe s., ses produits vont s'exporter dans les pays limitrophes.

Le meunier Abram Comtesse, qui succède à son père en 1783, est le dernier de la famille à exploiter le moulin. En 1790, le site est partagé entre le meunier Jean-Pierre Calame et Abram Comtesse qui poursuit seul l'exploitation de la forge jusqu'à son décès au début des années 1800. Ses enfants étant trop jeunes pour lui succéder, la forge est loué à Samuel Véron. En 1807, le moulin va être entièrement reconstruit et Calame en devient l'unique propriétaire en 1810.

Au début des années 1870, la forge est démolie pour faire place au pont du chemin de fer Bienne-Les Convers. En 1874, décède le dernier meunier Calame. Le moulin est alors hérité par son frère, Julien, artiste-peintre à Paris. Quelques années plus tard, il est entièrement rénové et modernisé. En 1884, il est racheté par M. Martin, comptable et M. Marguerat, ingénieur, qui fondent la société en nom collectif Martin & Marguerat. Mais le succès n'est pas au rendez-vous et la société est liquidée en 1887. En 1889, une société par actions est constituée dans le but de reprendre les bâtiments et installations hydrauliques et qui prend le nom d'Usine de Produits alimentaires du Torrent, Cormoret, spécialisée dans la production de gruaux d'avoine et d'orge perlé. Le premier directeur en est Emile Marguerat.

D'importantes modernisations ont lieu : nouvelles machines (1891-1892), construction d'entrepôts, d'une annexe puis d'une écurie (tournant du siècle), machine à travailler les pois (1900-1901), nouvelle machine à rouler l'orge perlé et les pois jaunes (1909), nouvelle halle pour la production de flocons d'avoine et silos pour leur entreposage (1912-1913), turbine (1915).

Dans les années 1920, deux nouvelle petites turbines viennent compléter les installations hydrauliques permettant ainsi de produire l'électricité nécessaire à l'éclairage des ateliers et des fermes du site.

Complètement détruite par un incendie durant la nuit du 13 au 14 août 1932, l'usine est reconstruite et peut reprendre du service dès le début de l'année 1934. Fritz R. Störi (1899-1991) en est nommé directeur (il est le beau-fils de Fritz Bichsel, principal actionnaire de l'Usine du Torrent et de l'entreprise Centaure à Lützelflüh, Emmental).

Vers 1942, la société de l'Usine du Torrent, grâce aux bénéfices réalisés dans son usine de Cormoret, se diversifie en ouvrant une vinaigrerie à Busswil bei Büren, sous contrat avec les magasin Coop.

Dès le début des années 1960, Fritz C. Störi (1932-) seconde son père à la tête des deux entreprises. A la même période, on remplace la turbine Francis par une turbine Kaplan qui, dès lors, ne sert plus qu'à la production d'électricité (avant la force motrice faisait tourner directement les machines).

En 1966, la vinaigrerie est vendue à Coop alors que les actionnaires décident d'arrêter toute production à Cormoret, notamment en raison de l'augmentation constante des coûts de transport. La fabrique est louée à l'Association agricole du Vallon de St-Imier qui en devient ensuite propriétaire et y installe un centre collecteur de céréales et magasin d'accessoires agricoles. Passant ensuite aux mains de la société Landi, la centrale hydroélectrique est vendue en 1988 à la Société des Forces électriques de la Goule (SEG) qui continue de l'exploiter pour son propre réseau.



Auteur·trice du texte original: Emma Chatelain, 14/05/2009

Dernière modification: 11/03/2010

Bibliographie

Frank Vaucher, Cormoret : un village raconte son histoire, Cormoret, 1994

Bernard Romy, Le Meunier, l'horloger et l'électricien. Les usiniers de la Suze, 1750-1950, Intervalles, no 69-70, automne 2004, p. 52-58, 236-242

Bernard Romy, La Suze, une rivière au parfum d'énergie ! [Enregistrement vidéo], Les Films de la Côte, 2008

www.planair.ch/pdf/Le_Torrent.pdf (21.4.2009)

Iconographie

Usine du Torrent en 1932. Collections Mémoires d'Ici, Saint-Imier (provenance Musée de Saint-Imier, Suisse).

Suggestion de citation

Emma Chatelain, «Torrent (centrale hydroélectrique), Cormoret», Dictionnaire du Jura (DIJU), https://diju.ch/f/notices/detail/7107-torrent-centrale-hydroelectrique-cormoret, consulté le 24/04/2024.

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