Né le 14 mars 1790 au Noirmont, à l'auberge de La Bouège tenue par son père. Décédé le 2 novembre 1866 aux Essarts-Cuenot (commune disparue en 1868 et rattachée aujourd'hui à celle de Charmauvillers, Doubs, F). Fils de Charles-Louis Graizely (1756-1845), horloger puis restaurateur, et de Charlotte Müller (1760-1849). En 1840, il épouse Octavie Marguet (1815-1865). Six enfants. G. appartient à la grande famille des maîtres-verriers Gresly/Graizely, venus de la Forêt-Noire afin d'établir leurs verreries en Suisse puis en Franche-Comté.

Ecolier à la verrerie, au Noirmont puis à l'école secondaire de Porrentruy, il est encore étudiant à 18 ans, ce qui est particulièrement exceptionnel à cette époque et lui permet donc de songer à un brillant avenir. Cependant, à Saignelégier, le 27 janvier 1809, son itinéraire prend un autre tournant. Avec 72 autres conscrits du canton, il participe au tirage au sort qui va décider de son intégration à la Grande Armée. Le hasard et sa grande taille (1,75 m) lui permettent d'entrer directement dans la Jeune Garde impériale. Il est affecté au 1^er régiment de tirailleurs chasseurs qui deviendra le 1^er régiment de voltigeurs à partir de décembre 1810. Après une rapide formation militaire, G. entame un long parcours guerrier. L'Autriche ayant envahi la Bavière, la campagne de 1809 débute en avril. Le régiment se dirige vers l'Allemagne et l'Autriche. Le 22 mai 1809, à Essling près de Vienne, le jeune tirailleur chasseur connaît son baptême du feu. Après Essling, ce sera Wagram, puis l'Espagne, la Russie, Vilnius, Smolensk, Moscou, Krasnoïé, l'Allemagne, Lützen, Dresde, Leipzig, puis la campagne de France, Epinal, Brienne, Laon, Craonne' Durant toute cette aventure, G. sert en qualité de musicien. Malgré le nombre de combats auxquels il prend part, on ne lui connaît aucune blessure sérieuse. Il souffre sans doute néanmoins de la faim, du froid, du soleil brûlant, des fatigues, de la peur.

En 1815, G. revient dans le Clos du Doubs. Civil, il y retrouve sa famille, ses amis. Il procède, à 25 ans, à une belle réinsertion professionnelle. Ne souhaitant pas devenir cabaretier, l'ancien musicien de la Jeune Garde doit se choisir un métier. Il dispose de certains moyens financiers et ses parents le secondent. Il a de l'audace et de l'énergie. Propriétaire, il implante une tannerie relativement importante sur les bords du Doubs, juste en face de l'auberge de La Bouège, sur la rive française, à l'emplacement de la verrerie du Bief d'Etoz. Avec plusieurs ouvriers, il tanne des peaux qu'il livre en France, en Suisse, en Allemagne (Souabe, Bavière), en Autriche et, semble-t-il, même par bateau jusqu'aux Etats-Unis. Son entreprise a alors une certaine ampleur et une renommée bien établie.

Devenu un notable local, il dispose du droit de vote réservé à cette époque aux contribuables français les plus aisés. Il est élu conseiller municipal des Essarts-Cuenot pendant au moins un quart de siècle, tandis que son frère Melchior administre la commune de 1825 à 1852.

En 1831, il succède à Frédéric Rondot en qualité de capitaine de la garde nationale de Charmauvillers, des Essarts-Cuenot et d'Urtière. L'ancien « grognard » commande une cinquantaine de gardes.

Enfin, en 1857, comme tant d'autres, il reçoit la médaille de Sainte-Hélène qui plus de 40 ans après les faits, vient honorer les soldats de la Révolution et de l'Empire.