Prêtre et dialectologue.

École primaire à Saint-Brais, école secondaire à Maîche (France), Porrentruy et Saint-Maurice (VS), séminaire à Lucerne, Paris et Soleure. Il exerce ensuite sa charge pendant six ans, essentiellement dans l’enseignement, à Porrentruy, Kleinwangen (LU) et Hertenstein (LU).

En octobre 1942, J. commence des études de philologie romane à l’Université de Zurich. En 1946, sous la direction de Jakob Jud, il entame une thèse consacrée au patois de Saint-Brais et, plus largement, aux patois du Jura Nord, dont la documentation accuse un retard important par rapport aux autres régions de Suisse romande. Pendant quatre ans, il collecte un important matériau linguistique dont il tire les observations nécessaires à la rédaction de son travail. En 1950, il soutient avec succès sa thèse et obtient la mention summa perseverantia et magna sagacitate elaborata.

Le travail doctoral de J. est pionnier à de nombreux égards. Tout d’abord, il s’agit de la première description complète (morphologie, syntaxe, conjugaison, phraséologie, etc.) d’un parler jurassien, les études antérieures se limitant à l’analyse de la phonétique historique. De plus, chaque phénomène traité est basé sur de nombreux exemples réels, discrètement collectés par l’enquêteur lors de conversations spontanées entre les gens du village. Ces phrases, souvent recueillies à l’insu des locuteurs, témoignent avec une rare authenticité du patois jurassien tel qu’il était parlé au quotidien. Enfin, pour replacer le parler de Saint-Brais dans son contexte géographique, J. a également mené une enquête comparative dans 33 villages du Jura Nord. Ce réseau de points, environ dix fois plus dense que les relevés précédents, permet une analyse de la variation dialectale d’une précision inédite. L’ouvrage, qui compte alors quelque 400 pages, est accompagné d’un glossaire d’environ 7000 mots en patois de Saint-Brais.

Sur le moment, J. n’a pas les moyens financiers de faire imprimer un tel document. Dans l'espoir de pouvoir le publier plus tard, il se remet au travail, remaniant le texte original et l’agrémentant notamment de nouvelles cartes linguistiques. Il décède subitement à l’âge de 44 ans sans avoir pu achever ce projet.

Son fonds d’archives est alors confié au Glossaire des patois de la Suisse romande, qui est chargé d’en faire publier l’essentiel. Toutefois, après 13 ans sans avancée concrète, le Glossaire est contraint de restituer la totalité des documents aux héritières du dialectologue. Désordonné et manifestement incomplet, le fonds est finalement remis en dépôt en 1974 au Musée jurassien d’art et d’histoire¹. En 2014, il est inventorié et en partie scanné par Jean-Paul Prongué, avant d'être mis à disposition en ligne.