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Verreries

Dans le Jura, les verreries se développent le long du Doubs et de la Birse. En effet, la fabrication de verre nécessite la réunion de gisements de sable, de grandes quantités de combustibles et d'un cours d'eau pour le transport du bois par flottage. - Verreries de la Heutte En 1594, le prince-évêque Christophe Blarer de Wartensee concède un terrain, au lieu-dit la Vanne, aux verriers soleurois Johann Thurschmidt et biennois Niklaus Wäber, associés à Claudi Monning de Pieterlen. La verrerie est ensuite déplacée « an der Wasserfallen » malgré la forte opposition des villageois qui craignent les ravinements consécutifs au déboisement. En 1647, l'ensemble des verriers, avec à sa tête Hans Heinrich Wäber et David Flury, achète le terrain de l'Essert-Gromez pour défrichement. Environ douze ans plus tard, des dissensions au sein de la communauté de l'Essert-Gromez la font se séparer en deux : un groupe, sous la direction de Benedikt Monnin, rejoint les verriers de Gänsbrunnen pour s'établir dans le Chaluet (commune de Court) ; l'autre groupe, avec les Wäber s'installe au-dessus de Lobschez, à proximité du Doubs. - Verreries du Chaluet Au 17e siècle, un groupe de verriers, sous la direction de Hans Rubischung s'établit dans le Chaluet, sur les terres de l'abbaye de Moutier-Grandval (commune de Court), où il s'associe avec d'autres verriers, notamment le groupe conduit par Benedikt Monnin. Quatre verreries vont se succéder au Chaluet : - la Vieille Verrerie de l'Envers-derrière-Sairoche, exploitée de 1657 à 1673. Elle est déplacée dans une autre secteur forestier, la Belle-Coste, en raison de tensions entre verriers catholiques et protestants. - La Belle-Coste. Le nouveau contrat est en faveur des catholiques, soit Hans Rubischung, Hans et Stoffel Flury, Adam Sigwart et Hans Schell. - La Vieille Couperie. Dès 1699, la plupart des fours passent en mains de verriers d'origine allemande. - Verrerie des Droits et Envers de Chaluet. Le quatrième bail est signé en 1714 par Hans Gräsle, Hans Jacob Schmid et Michel Hug. Elle est exploitée jusqu'en 1938. Ces verreries sont fouillées de 1952 à 1954. Découverts par Frédéric Neukomm, les sites sont fouillés grâce à des subventions de l'Association pour la Défense des Intérêts du Jura (ADIJ) et la direction scientifique est confiée à Alban Gerster et André Rais. Des fouilles plus approfondies reprennent en 2000 dans le cadre de la construction de la transjurane.
- Verreries du bord du Doubs Lobschez En 1657, une partie de la communauté de l'Essert-Gromez, sous la direction de Jacob Wäber prend contact avec les habitants de Lobschez (commune de Soubey) pour pouvoir exploiter leur forêt. Deux ans plus tard, ils obtiennent l'autorisation d'établir leur verrerie. Les trois bénéficiaires sont Jacob Wäber, Wilhelm Warnouris et Turs Hintzet. Protestants, ils rencontrent rapidement des difficultés avec les autorités de Saint-Ursanne. En 1662, un nouveau bail, fait entrer dans la verrerie des nouveaux verriers catholiques. Deux ans plus tard, la communauté éclate et les protestants s'en voient écartés au profit d'un nouveau groupe de Sankt-Blasien. En 1680, Melchior Schmid reprend la direction de la verrerie de Lobschez qui s'éteint en 1696. Les verrier s'installent alors sur l'autre rive du Doubs où ils se séparent en deux groupes et fondent les verreries de la Caborde et du Bief-d'Etoz. Caborde (en F) En 1696, les verriers quittent Lobschez. Une partie, les familles de Melchior Schmid (décédé en 1703) et de Germann, Georg et Hans Raspieler, s'établit sur l'autre versant du Doubs, en Franche-Comté, au lieu-dit la Caborde. Exploitée jusqu'en 1716-17. Blancheroche (en F), aussi appelé la Grand'Combe Le fils cadet de Georg Raspiller, Georges, est en 1712 l'un des co-fondateurs de la verrerie de Blancheroche, elle aussi sur la rive gauche du Doubs. Cette verrerie connaît passablement de difficultés. Elle ferme ses portes en 1817 quand le propriétaire d'alors décide de se déplacer à Roches. Biaufond = Esserts d'Iles Deux des enfants de Georges Raspieller, Joseph et Jean-François vont être en concurrence avec la verrerie du Bief-d'Etoz dans le domaine des achats de bois. C'est pourquoi, en 1747, ils demandent au prince-évêque la permission de construire une nouvelle verrerie aux Esserts d'Iles, sur la commune de Biaufond. Les travaux sont terminés en 1749. Connaissant toujours des difficultés et une rude concurrence avec le Bief-d'Etoz, la verrerie de Biaufond est absorbée par le Bief-d'Etoz en 1790. Son exploitation se termine en 1793, elle est alors dirigée par Pierre-Marie Blondeau. Bief d'Etoz, aussi appelée Essarts-Cuenot Sur la rive française du Doubs, fondée à partir de Lobschez, à peu près au même moment que La Caborde. Active durant plus d'un siècle, de la fin du XVIIe siècle à 1840. Au XVIIIe s., elle est la verrerie la plus important de Franche-Comté pour la production de verre à vitre. - Verrerie de Laufon Son origine est soleuroise. Jospeh Keller, négociant de Soleure, achète le terrain et obtient l'autorisation d'y construire une verrerie (1784) dont il confie la direction à un verrier du Bief-d'Etoz, Etienne Gresly. La verrerie de Laufon, ouverte en 1787, est exploitée jusqu'en 1849 et reste jusqu'à cette date propriété des Gresly (dès 1791, Keller se retire de l'affaire). - Verreries de Roches et Moutier La verrerie de Roches est fondée le 6 octobre 1797 par la société Schaffter, Gérard et Cie qui devient plus tard la société Schaffter, Liomin fils et Cie. L'abandon et la destruction de la verrerie date des années 1888 et 1889. En 1817, Célestin Châtelain, fils de Jean-Baptiste Chatelain propriétaire de la verrerie de la Blancheroche, s'installe en Suisse. Il loue d'abord la verrerie de Roches qui appartient alors à M. Laroche et Sauvain de Bâle (qui l'avaient eux-mêmes acquise de la famille Schaffter de Moutier) puis en devient propriétaire. Célestin se retire en 1830 et c'est son fils Alfred qui prend la tête de l'entreprise. Célestin va alors s'installer à Moutier où il fonde une nouvelle verrerie en 1841, verrerie toujours en activité aujourd'hui (cf. Verres Industriels SA). Quant à la verrerie de Roches, elle est rachetée en 1841 par un membre de la famille Gressly qui devra la revendre en 1853 en raison de difficultés financières. Plusieurs propriétaires vont ensuite se succéder jusqu'à un groupe d'actionnaires bâlois qui la maintiendra en activité jusqu'en 1886.

Auteur·trice du texte original: Emma Chatelain, 06/10/2008

Fonds d’archives

Mémoires d'Ici (Saint-Imier), dossiers documentation « verrerie », « Court, Le Chaluet »

Bibliographie

Gustave Amweg, Les Arts dans le Jura bernois et à Bienne, tome 2, Porrentruy, 1941, p. 403-446 André Rais, « Les deux verreries de Chaluet », in Les Intérêts du Jura, no 7, juillet 1954, p. 137-150 Guy-Jean Michel, « Familles verrières et verreries dans la principauté de Porrentruy aux XVIIe et XVIIIe siècles », in Actes SJE, 1985, p. 51-83 Guy-Jean Michel, Verriers et verreries en Franche-Comté au XVIIIe siècle, Erti, 1989 Cécile Gonda, La verrerie de Roches, à Rebeuvelier. Découverte d'un atelier du 19e siècle, Porrentruy, 2005

Suggestion de citation

Emma Chatelain, «Verreries», Dictionnaire du Jura (DIJU), https://diju.ch/f/notices/detail/6559-verreries, consulté le 18/04/2024.

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