Objet : route (avec galerie et inscription taillée dans le roc)
Datations : époque gallo-romaine
Fouilles : -
Collections : -
Une arête rocheuse rattachant le Montoz au Mont-Soleil est traversée par le col de Pierre Pertuis qui relie la vallée de la Birse à celle de la Suze. La source de la Birse jaillit au pied même de la paroi de Pierre Pertuis, à l'est et en contrebas de la route actuelle de Bienne à Tavannes.
Le nom de Pierre Pertuis apparaît pour la première fois dans un acte du 27 février 1179, sous la forme de Petra Pertusa. Dans cet acte, le pape Alexandre III confirme les possessions du chapitre de Moutier-Grandval.
La structure de la voie elle-même est connue grâce à la fouille d'autres tronçons, mais Pierre Pertuis n'a pas donné lieu à d'importantes investigations dans ce sens. A ce sujet, la notice consacrée aux routes romaines jurassiennes permet d'avoir un aperçu des sites présentés dans le DIJU.
Quant à la galerie, elle mesure 5,70 m de hauteur sur 10,80 m de largeur et un peu plus de 3,60 m de longueur et permettait le passage de la voie romaine qui reliait Petinesca (Studen) à Augusta Raurica (Augst), avec un embranchement unissant Petinesca à Epomanduodurum (Mandeure) (par Bellelay, Glovelier, la Caquerelle et l'Ajoie), au temps où Marcus Dunius Paternus était duumvir (magistrat) de la colonie des Hélvètes, c'est-à-dire aux environs de l'an 200.
Au-dessus du tunnel (pertuis), du côté nord, les constructeurs ont laissé une inscription taillée dans le rocher, malheureusement altérée par l'âge, que l'on peut néanmoins reconstituer ainsi :
NUMINI AUGUS
TORUM
VIA DUCTA PER MARCUM
DUNIUM PATERNUM
DUUMVIRUM COLONIAE HELVETIORUM
Sa traduction la plus vraisemblable est la suivante :
« A la divinité des empereurs
Cette voie a été (re)construite par Marcus
Dunius Paternus
Co-gouverneur de la colonie des Helvètes ».
Le cartouche a environ 159 cm de long et 96 cm de large. Les lettres ne sont pas taillées à une profondeur égale dans le roc et ne sont pas de même hauteur. La première ligne a bien résisté aux injures du temps, tandis que les quatre lignes inférieures ont été endommagées par une exfoliation de la pierre.
En 1367 (ou 1368), les troupes bernoises, pour se venger de Jean de Vienne qui avait fait arrêter et incarcérer les bourgeois biennois ne voulant pas renoncer à différentes alliances, forcèrent le passage de Pierre Pertuis et égorgèrent les dix-huit défenseurs de sa garnison.
Voir aussi la notice Archéologie.
Auteur·trice du texte original: Claude Juillerat et François Schifferdecker (réd.), Guide archéologique du Jura et du Jura bernois, Porrentruy, 1997 (complété en 2008 : Ludwig Poget), 26/11/2008
Bibliographie
Hanno Helbling, Römerstrassen durch Helvetien, Zürich, 1972
SJE (éd.), Monuments historiques du Jura bernois, Neuchâtel, 1929, pp. 172-178
Henri Joliat, « Les vestiges romains du Jura bernois », in ASJE, 46, 1942, pp. 131-133
Joseph Mertenat, « L'inscription de Pierre Pertuis », in ASJE, 46, 1942, pp. 231-241
Christophe Gerber, La route romaine transjurane de Pierre Pertuis, Berne, 1997
Claude Juillerat, François Schifferdecker (réd.), Guide archéologique du Jura et du Jura bernois, Porrentruy, 1997
Jean-Daniel Demarez, Répertoire archéologique du canton du Jura du Ier siècle avant J.-C. au VIIe siècle après J.-C. (CAJ n° 12), Porrentruy, 2001
Suggestion de citation
Claude Juillerat et François Schifferdecker (réd.), Guide archéologique du Jura et du Jura bernois, Porrentruy, 1997 (complété en 2008 : Ludwig Poget), «Pierre Pertuis (site archéologique, Tavannes)», Dictionnaire du Jura (DIJU), https://diju.ch/f/notices/detail/6714-pierre-pertuis-site-archeologique-tavannes, consulté le 15/03/2025.