D’origine fribourgeoise. Né le 19 septembre 1949 à Boncourt. Décédé le 9 juillet 1974 à Porrentruy.
Après sa scolarité à Boncourt et un apprentissage à Courgenay, W. travaille comme forestier à la municipalité de Boncourt et adhère au Groupe Bélier.
Dans la nuit du 21 au 22 juin 1974 – à la veille du plébiscite qui ouvrira la voie pour la création du Canton du Jura – le jeune activiste grimpe sur un toit d’une maison à Boncourt où il dresse un drapeau jurassien en compagnie de deux amis. Les trois hommes aux visages masqués sont surpris par un voisin au moment où ils redescendent et fuient. Le voisin leur tire dessus avec un révolver et W. est atteint par une balle qui, selon les experts, a fait ricochet sur le trottoir. Il meurt le 9 juillet 1974 à l’hôpital de Porrentruy suite aux graves blessures infligées par le tireur. Celui-ci prétend avoir pris les jeunes autonomistes pour des cambrioleurs, tandis que différentes versions des événements circulent dans la presse pendant les jours qui s’ensuivent. Dans les milieux séparatistes, des soupçons, selon lesquels le coupable aurait agi par motivations liées à sa conviction probernoise, font surface – ce qui est aussitôt contesté par une prise de position publique de Force démocratique.
Plus de 3000 personnes visitent la chapelle ardente dressée à Boncourt et participent au cortège funèbre. De nombreux sympathisants et membres éminents du Rassemblement jurassien (RJ) et des Béliers y sont présent, y compris Roger Schaffter et Jean-Claude Montavon.
Le coupable est condamné le 3 juillet 1975 à quatre ans de réclusion pour mise en danger de la vie d'autrui par le tribunal de Porrentruy. Suite à un appel du condamné, la peine est réduite à 20 mois d'emprisonnement.
Les organisations séparatistes continuent à cultiver le souvenir de W. après sa mort, surtout à l’occasion de la Fête de la jeunesse. En 1978, un monument de l’artiste Alain Stocker est inauguré en sa mémoire dans un parc public à Boncourt, qui devient la Place Maurice Wicht en 1984. En 1990, l’association « Maurice Wicht » est fondée en son honneur. Le 22 juin 2024, alors que le canton du Jura fête le 50e anniversaire du plébiscite, un hommage lui est rendu en présence d'une centaine de personnes réunies sur la place portant son nom.
Auteur·trice du texte original: Kiki Lutz, 08/03/2018
Dernière modification: Luc Vallat, 26/06/2024
Bibliographie
Littérature spécialisée
- Marcel Brêchet, Les années de braise, Delémont, Imprimerie Jurassienne SA, 2003, pp. 358-359.
- Edouard Vifian, Place d'armes aux Franches-Montagnes ou à Bure? Influence sur la Question jurassienne, Porrentruy, Société jurassienne des officiers, 2015, p. 23.
Presse
- L’Express, 24 juin 1974, 10/13/15/19 juillet 1974, 3 juillet 1975, 6 décembre 1975, 25 février 1977, 22 juillet 1978.
- L’Impartial, 13 juillet 1974, 25 juillet 1975, 24 juin 1989.
- Le Franc-Montagnard, 1er juin 1984, p. 1.
- Le Quotidien Jurassien, 24 juin 2024, p. 3.
Sites internet
- chronologie-jurassienne.ch, s.d. (consulté le 4 février 2018).
Iconographie
« A Maurice Wicht, militant du 'Groupe Bélier' tombé sous les balles bernoises le 22 juin 1974, à l'aube de la liberté »
Suggestion de citation
Kiki Lutz, «Wicht, Maurice (1949-1974)», Dictionnaire du Jura (DIJU), https://diju.ch/f/notices/detail/1003712-wicht-maurice-1949-1974, consulté le 07/10/2024.