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Tréfilerie de Boujean

Depuis 1437, un moulin est exploité à la sortie des gorges du Taubenloch, sur la commune de Boujean. Une tréfilerie y est installé en 1634 par un membre de la famille Thellung et le Soleurois Louis Scharrandy. Durant tout le XVIIIe s., la tréfilerie est exploitée par deux, voire trois amodiateurs. En 1802, après avoir été vendue comme bien national, elle devient la propriété de la maison Imer & Comp. qui la revend une année plus tard à Georges-Auguste Liomin. Peu après sa mort, en janvier 1819, sa veuve vend l'entreprise à Jean Rodolphe Neuhaus, l'un des directeurs de la Fabrique d'indiennes de Bienne et fondateur de la Filature de Gurzelen. Dès 1818, l'entreprise complète sa production de fils de fer et de cuivre par celles de clous, de chaînes et enfin de câbles. Jouissant d'une renommée nationale, l'entreprise reçoit notamment la Médaille d'or lors de l'Exposition industrielle bernoise à Thoune en 1824 et livre sept câbles pour le Grand Pont suspendu de Fribourg (1834), alors le plus long au monde. A Boujean, la diversification continue et on commence la fabrication de fils pour paratonnerre puis, vers 1850, des fils du télégraphe suisse. En 1835, de nouveaux bâtiments sont construits sur la rive droite de la Suze qui accueillent un atelier de visserie et de tissage ainsi qu'une nouvelle roue hydraulique. A la mort de Jean Rodolphe Neuhaus, c'est son beau-fils, Fritz Bloesch-Neuhaus (1810-1887) qui prend la direction de la fabrique. La fabrique continue à se développer notamment grâce à une importante mécanisation. Elle devient ainsi l'une des tréfileries les plus compétitives de Suisse. A la fin des années 1860, le fils du directeur, Fritz Bloesch-Perregaux (1840-1917), entre à la direction et va être à l'origine d'une importante modernisation de l'entreprise. En 1886, Emile Schwab (petit-fils de Fritz Bloesch-Neuhaus) entre au sein de l'entreprise qui prend alors le nom de Bloesch, Schwab & Cie. En 1882, la tréfilerie de Boujean installe une turbine pour produire de l'électricité. En 1884, la tréfilerie de Boujean participe à une grande première : l'énergie électrique qui y est produite est reliée à un moteur installé dans une fabrique d'horlogerie en ville de Bienne (Bourgeois & Roulet). C'est alors le premier transport d'électricité industrielle d'Europe. Fort de ce succès, les directeurs de la tréfilerie vont augmenter de manière importante leurs installations hydrauliques et ainsi, en 1892, ils signent un contrat avec les Chemins de fer Jura-Simplon pour l'alimentation en électricité de la gare de Bienne et de ses ateliers ferroviaires. De 1895 à 1900, elle fournit aussi l'électricité nécessaire à la ville de Bienne. Régulièrement entretenue au cours du XXe s., la centrale est finalement rachetée par la "SA Centrale électrique du lac de Bienne" (CELBI) fondée par la ville de Bienne en 1992. En 1914, les deux tréfileries biennoises fusionnent, Boujean s'unissant à la Tréfilerie de Bienne pour donner naissance aux Tréfileries Réunies SA Bienne qui fermeront leurs portes en 1995.
Premier conseil d'administration des Tréfileries Réunies SA F. Bloesch-Perregaux, président A. Hartmann G. Kunz A. Lang J. Schneider-Montandon E. Schwab G. Schürch G. Montandon

Auteur·trice du texte original: Emma Chatelain, 19/05/2009

Bibliographie

Fernand Schwab, 300 Jahre Drahtindustrie : Festschrift zum dreihundertjährigen Bestehen des Werkes Bözingen des Vereinigten Drahtwerke A.G. Biel : 1634-1934, Soleure, [1935] Bernard Romy, Le Meunier, l'horloger et l'électricien. Les usiniers de la Suze, 1750-1950, Intervalles, n° 69-70, automne 2004, p. 91-96

Suggestion de citation

Emma Chatelain, «Tréfilerie de Boujean», Dictionnaire du Jura (DIJU), https://diju.ch/f/notices/detail/7132-trefilerie-de-boujean, consulté le 04/10/2024.

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