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Banque cantonale bernoise (BCBE)

Pour en savoir plus, vous pouvez consulter les articles sur la direction, le bilan et les bénéfices et les succursales.


La Banque Cantonale Bernoise (BCBE), Berner Kantonalbank (BEKB) en allemand, est fondée en 1834 sous le nom de Banque cantonale de Berne. Son nom actuel est issu de sa fusion, en 1991, avec la Caisse hypothécaire du canton de Berne.
Créée pour contribuer à la prospérité économique du canton en mettant de nouveaux capitaux à la disposition du commerce, de l'industrie et de l'artisanat, la BCBE va notamment jouer un rôle important dans le financement des chemins de fer ou la construction des usines électriques.

C'est le 30 juillet 1834 qu'est adopté le premier règlement de la banque. Les capitaux nécessaires proviennent des fonds de l'Etat. La haute surveillance incombe au Conseil-exécutif ; la direction est du ressort du département des finances et d'une direction particulière qui lui est subordonnée (composée de cinq membres dont le président est membre du département des finances). Un directeur est placé sous l'autorité de cette direction. Les bureaux ouvrent le 1er octobre 1834.
Le 12 novembre 1846, suite notamment à la fondation de la Caisse hypothécaire du canton de Berne (pour soutenir l'agriculture et l'artisanat), une nouvelle loi sur la banque cantonale est adoptée. La commission de cinq membres est supprimée ce qui rend la banque plus directement dépendante du département des finances et l'octroi de crédits est limité aux seuls résidents du canton de Berne.

Dans les années 1850, on commence à discuter du poids du rôle de l'Etat dans la banque. On évoque la possibilité d'en faire une banque par actions et non plus une banque d'état ce qui permettrait d'alléger l'appareil administratif, de le rendre plus professionnel et moins dépendant des pouvoirs politiques. Ces discussions aboutissent à la nouvelle loi du 5 mars 1858. Si la banque reste bien une banque d'Etat, elle gagne néanmoins un peu d'indépendance par rapport à l'administration cantonale. On institue un conseil d'administration (30 membres élus par le Conseil-exécutif pour 6 ans) qui s'occupe désormais de la direction et nomme le directeur de la banque (avant c'était le rôle du Grand Conseil). Parmi ce conseil d'administration, cinq membres forment la Direction. Cette nouvelle loi permet aussi l'ouverture de succursale. Les trois premières sont ouvertes durant l'année 1858. Il s'agit de Saint-Imier (1er juillet), Bienne (15 septembre) et Berthoud (1er octobre).

En 1865, une nouvelle loi rend la banque encore plus indépendante des pouvoirs publics. C'est désormais le conseil d'administration qui peut nommer le directeur, les principaux fonctionnaires et les gérants des succursales sans ratification du Conseil-exécutif. Cette nouvelle loi permet aussi à la banque, qui a besoin de plus de capitaux, d'émettre des obligations avec participation au bénéfice. En 1882, le Conseil fédéral accorde en outre le droit à la banque d'émettre ses propres billets de banque. Cette activité prendra fin en 1907 avec la création de la banque d'émission fédérale, la Banque nationale suisse.

En 1886, en raison de pertes subies par la banque à la suite d'erreurs de gestion, un mouvement d'opinion voit le jour pour un retour en arrière dans la direction de la banque. Le 1er juillet 1886, une nouvelle loi est adoptée qui redonne plus de compétences aux pouvoirs publics. Le conseil d'administration est supprimé et c'est le Conseil-exécutif qui reprend la haute surveillance. La banque est dirigée par un conseil de sept membres dont cinq sont nommés par le Conseil-exécutif (le président de la banque - nommé par le Grand Conseil - et le conseiller d'Etat en charge des finances en font partie). Le président de la banque préside la Direction et le Conseil de la banque. La direction de la banque est formée du président et des deux directeurs.

En 1914, une nouvelle loi est adoptée. La banque peut désormais étendre son activité à l'octroi de crédits hypothécaires. Son capital est augmenté. Au niveau des organes, le comité de banque remplace l'ancienne Direction de la banque. Il se compose du président, d'un membre du conseil de banque et d'un délégué de la direction centrale. On adopte aussi l'idée d'une caisse de retraite mais la guerre retarde le projet au 1er janvier 1921.


La guerre et la crise économique qui s'en suit entraînent bien sûr d'importants bouleversements dans les activités de la banque. En octobre 1924, en raison du fort taux de chômage, on accepte la création de la Caisse bernoise de crédit pour mettre des fonds à disposition des communes et du canton. Elle entre en activité en février 1933 grâce notamment à un prêt de la banque cantonale de deux millions de francs. Dans les années 1920, de nouvelles succursales ainsi que des bureaux auxiliaires (notamment à Tavannes) sont ouverts. En 1928, la banque compte 37 sièges, soit la banque principale, 13 succursales, 6 agences, 17 bureaux auxiliaires. Les années 1930 sont évidemment une période troublée, faite d'instabilité politique et financière. En 1939, la banque doit procéder à un remaniement de son bilan notamment en raison des engagements élevés pris par l'Etat dans la construction des chemins de fer bernois ainsi que de la crise. Une nouvelle loi de la banque entre en vigueur en 1943, elle permet notamment la constitution de réserve. Dans les années 1950, la banque se porte au mieux puisqu'en 1958, la somme du bilan franchit pour la première fois le milliard. Par la suite, cette bonne santé continue et en 1984, la banque devient la deuxième banque cantonale du pays, derrière celle de Zurich. A la fin de 1984, elle compte 64 sièges contre 96 en 2010. Une nouvelle révision importante de la loi sur la banque cantonale a lieu en 1964. Désormais ce n'est plus le peuple mais le Grand Conseil qui décide des augmentations du capital de dotation et les opérations avec l'étranger, interdites après 1942, ont été réautorisées avec des limitations. En 1979, les succursales de Delémont et Porrentruy et les bureaux auxiliaires de Bassecourt, du Noirmont et de Saignelégier sont cédés à la nouvelle Banque Cantonale du Jura. En 1981, pour la première fois le capital peut être augmenté par l'émission de bons de participation (avant l'augmentation du capital de dotation n'était possible que par une augmentation du capital accordé par l'Etat ; maintenant on peut faire appel au public pour collecter de fonds). En 1991, la fusion avec la Caisse hypothécaire du canton de Berne va apporter à la nouvelle Banque cantonale bernoise une marge de manœuvre plus large, les directeurs généraux étant dès lors élus par le conseil de banque. Le début des années 1990 est assez difficile pour la nouvelle BCBE. La récession du marché économique, des taux d'intérêt élevé, l'écroulement du marché immobilier ainsi que l'affaire Werner K. Rey en 1991 vont donner à la banque une nouvelle orientation. En mars 1991, quand Omni Holding SA, groupe de Werner Rey pour lequel la BCBE a 102,3 millions de francs de créance (et 29,4 millions sur la personne de Rey), annonce sa demande de sursis concordataire, la commission fédérale des banques dépose une plainte pénale contre Kurt Meier (directeur lors de l'octroi des crédits au groupe Omni). L'enquête conclura que la loi sur la banque n'a pas été violée mais entraînera quand même un nouvel axe dans les orientations stratégiques de la banque. Dès lors, on privilégie une croissance qualitative plutôt que quantitative, la politique des crédits est revue et la présidence devient un poste à plein temps. En 1993, on crée en outre une société reprenante en tant que filiale de la BCBE, Dezennium-Finanz AG (DFAG), qui fonctionnera jusqu'en 2002 et s'occupera de gérer les actifs qui ne correspondent plus à la nouvelle politique de crédits de la banque. Lors de sa dissolution, DFAG aura permis de liquider 6'615 engagements d'une valeur de 6,55 milliards de francs. Toutes ces mesures permettent d'assainir l'établissement et de réaliser à nouveaux des bénéfices dès 1993. Le 23 novembre 1997, une votation cantonale populaire accepte la transformation de la banque en société anonyme de droit privé ce qui va entraîner une nette diminution de l'influence du politique sur la banque et une augmentation des critères purement commerciaux. L'entrée en vigueur de la Loi sur la société anonyme banque cantonale bernoise date du 1er janvier 1998. C'est la première banque cantonale à avoir franchi cette étape. L'ancien conseil de banque devient un conseil d'administration (élus et non plus nommés par le Conseil-exécutif) alors que les comités régionaux sont supprimés. Depuis août 2000, les actions sont cotées en bourse à la SWX Swiss Exchange à Zurich. En 2004, le Grand Conseil approuve une modification de la loi en vue de réduire successivement, puis d'abolir intégralement la garantie de l'Etat face à la BCBE. Cette loi entre en vigueur au 1er janvier 2006 alors que l'extinction définitive de la garantie de l'Etat interviendra à fin 2012.

Auteur·trice du texte original: Emma Chatelain, 10/02/2011

Bibliographie

W. Egger, La Banque cantonale de Berne, 1834-1934, Berne, 1934 Othmar Schürch, La Banque cantonale de Berne a 125, [Berne], 1959 Urs Huber, La Banque cantonale de Berne a 150 ans : les années 1959 à 1984, Berne, 1985 Les activités de la Banque cantonale de Berne, [S.l.], [198-?] BCBE, Rapport de gestion, 1985-2009 E. Imobersterg, Banque cantonale de Berne, succursale de Bienne, 1858-1958, Bienne, [1958] E. Imobersteg, Banque cantonale de Berne, succursale de Saint-Imier, 1858-1958, Bienne, 1958 F. Terrier, La banque cantonale de Berne à Porrentruy : 1868-1968, [S.l.], [s.n.], [1972]

Suggestion de citation

Emma Chatelain, «Banque cantonale bernoise (BCBE)», Dictionnaire du Jura (DIJU), https://diju.ch/f/notices/detail/8113-banque-cantonale-bernoise-bcbe, consulté le 19/04/2024.

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