C'est le 21 avril 1955 s'ouvre la première section de classe française du Gymnase municipal de Bienne. Pourtant, en 1816 déjà, on décide de l'ouverture d'un « gymnase à l'intention des étudiants en théologie des régions protestantes de langue française, et des jeunes gens qui voudraient se vouer aux études scientifiques » sans se rendre au collège catholique de Porrentruy. En 1836 néanmoins, il devient un progymnase. En 1902, s'ouvre un deuxième gymnase à Bienne mais dont les cours ne se donnent qu'en allemand. Dès 1918, les romands commencent à réclamer des cours en français mais il va falloir attendre 1937 pour qu'un premier pas soit franchi : des cours d'allemand différenciés pour les alémaniques et les francophones. Le 5 juin 1948, lors du 25e congrès de la Société pédagogique jurassienne, les réclamations pour un gymnase français sont à nouveau mises à l'ordre du jour, notamment suite à l'action de Marcel Joray. Le sujet est aussi abordé dans les revendications du Comité de Moutier envers le gouvernement bernois. Le 1er juillet 1948, Albert Berberat dépose une motion au Conseil de ville et, le 11 novembre 1948, le député socialiste Jean Casagrande en dépose une au Grand Conseil. Après que le gouvernement eût donné à la ville le droit de décider, une commission de 13 membres est nommée. Suite à son rapport, rendu au printemps 1953, le Conseil de Ville décide de la création d'un gymnase français (7 mai 1953), décision approuvée par le peuple en octobre de la même année. Il s'agit alors de faire ratifier cette décision par le Conseil-exécutif. C'est Virgile Moine, alors directeur de l'instruction publique, qui va mener les débats qui ne commencent néanmoins qu'en novembre 1954 et qui voient s'opposer les Biennois aux Bruntrutains (qui craignent pour leur Ecole cantonale). Le 11 février 1955, le Conseil-exécutif adopte un arrêté qui refuse de donner la garantie de l'Etat à l'ouverture d'un gymnase français à Bienne mais qui autorise par contre Bienne à mettre sur pieds des « sections de classes pour les branches principales, de façon que les élèves romands puissent en principe faire des études dans leur langue maternelle » (p. 16). La réaction est vive parmi les milieux biennois et le Comité d'action pour la sauvegarde des intérêts culturels de Bienne (CASICB, rassemblement des personnalités romandes et alémaniques sous la direction d'Eric Vaucher, industriel et membre de la commission du gymnase municipal) lance notamment une initiative qui récolte un grand succès. La commission du Gymnase repousse aussi cette solution pour des raisons pédagogiques et pratiques, ainsi que le Conseil municipal qui intervient à Berne. Le 11 mars 1955, suite au nombre d'inscription (25 à Porrentruy, 55 à Bienne dont 22 romands - 16 de Bienne et 4 du Jura bernois), on assiste à un retournement de situation puisque le gouvernement accepte que toutes les branches soient données en français. En avril 1955, s'ouvre alors la première classe de langue française, et dès lors, chaque année, une nouvelle classe sera ouverte. Le 1er janvier 1956, André Ory est nommé prorecteur de la section puis de la division française qu'il va conduire vers l'autonomie. Le 18 juin 1962, la division française devient le « Gymnase français de Bienne ». L'autonomie complète de la commission de surveillance et du gymnase se fait dès avril 1965. Dix ans auparavant, le nombre des gymnasiens étaient deux fois plus petit (22 en 1955 à 211 en 1965) alors que le pourcentage de Biennois par rapport au Jura bernois a diminué. En mars 1980, les Gymnases français et alémaniques quittent les bâtiements de la rue des Alpes pour occuper des locaux tout neuf au bord du lac. Les anciens bâtiments sont alors occupés par le Gymnase économique et l'Ecole supérieure de commerce. Directeurs : 1956-1965 André Ory 1965-1969 Emile Blanc 1969-1970 Jacques Dutoit (a.i.) 1970-1980 Louis Perret 1980-1982 Marcel Rérat 1982-1992 Marie-Pierre Walliser (-Klunge) 1992-2003 Roland Villars dès 2003 Aldo Dalla Piazza
Auteur·trice du texte original: Emma Chatelain, 15/04/2008
Dernière modification: 03/02/2022
Bibliographie
Les Gymnases biennois, 1905 - 1955 - 2005, Bienne, 2005 Le Gymnase français de Bienne, Bienne, 1980
Suggestion de citation
Emma Chatelain, «Gymnase français de Bienne», Dictionnaire du Jura (DIJU), https://diju.ch/f/notices/detail/6017-gymnase-francais-de-bienne, consulté le 08/11/2024.