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Parti radical du Jura bernois (PRJB)

Après le vote du 23 juin et la mise en place de l’Assemblée constituante dans les districts du nord, le Parti libéral-radical jurassien (PLRJ) dut se transformer conformément à la nouvelle division de la partie francophone du canton de Berne. Les sections nordistes se réunirent en Parti libéral-radical jurassien (PLRJ) tandis que celles du Jura-Sud se recomposèrent en Fédération radicale du Jura bernois en mars 1976, puis en Parti radical du Jura bernois (PRJB) en janvier 1978. Le mouvement compta à ses débuts des élus de premier plan, tels que le sénateur Maurice Péquignot (qui avait déménagé de Saignelégier à Moutier, où il fut d’ailleurs président du conseil de ville en 1979) et le conseiller national Roland Stähli. En 1979, le parti dut faire face à un renouvellement de ses représentants fédéraux, suite à la décision de ses deux sortants de ne pas solliciter un nouveau mandat. Si la perte du siège à la Chambre haute était somme toute logique compte tenu de la nouvelle disposition géographique et politique de l’Ancien Canton, il fallut compter sur des personnalités de premier plan pour conserver l’assise dont disposait jusqu’alors le PRJB. C’est ainsi que Geneviève Aubry, passonaria de la lutte antiséparatiste, et Marc-André Houmard, président de Force démocratique, furent élus à la Chambre basse aux élections fédérales de 1979 (la première conserva son siège jusqu’en 1995, le second jusqu’en 1991). En plus de ce renouvellement, le parti dut trouver un remplaçant à Simon Kohler (habitant Courgenay, il ne put se représenter) au Conseil-exécutif : le choix se porta sur Henri-Louis Favre, ancien secrétaire de l’UPJ et président de la Députation, qui devint membre du gouvernement de 1978 à 1986.

Sur le plan de la Question jurassienne telle qu’elle se présenta après les plébiscites, le PRJB soutint totalement la nouvelle politique de l’Ancien Canton qui attribua certaines compétences aux trois districts francophones sous la forme de la Fédération des communes du Jura bernois (remplacée en 1994 par le Conseil régional du Jura bernois et de Bienne romande, ancêtre de l’actuel Conseil du Jura bernois). Cependant, au vu de la nouvelle répartition des élus au sein du Grand Conseil, le parti n’eut pas l’influence qu’avait l’ancien PLRJ (époque bernoise) auprès du PRD bernois. En effet, au fil des années, il dut faire face à la concurrence de plus en plus féroce des autres partis, que ce soit l’UDC et le PSJB sur le plan de la pure politique ou les mouvements autonomistes sur le terrain du débat de la Question jurassiennes en pleine mutation.

Après le scandale des caisses noires en 1984 et l’émergence d’une majorité autonomiste à Moutier deux ans plus tard, un évènement troubla les affaires du Parti radical du Jura bernois. Lors des élections cantonales de 1986, le parti dut faire face à une réalité à laquelle il n’avait jamais été confronté depuis la création du Conseil-exécutif. En effet, pour la première fois, ce dernier ne compta aucun radical issu des districts francophones (il faut également noter que la législature 1986-1990 ne compta aucun ministre radical). Le siège réservé au Jura bernois fut attribué à l’écologiste Benjamin Hofstetter (dont le parti était insignifiant dans la région), à la faveur de la règle mathématique spécifique à cette élection. S’il n’est pas incongru de se demander si ce désaveu était due aux caisses noires, il faut malgré tout relever que cela est surtout la conséquence de l’absence d’une liste commune avec l’UDC qui a considérablement affaibli les radicaux. En soi, cet évènement marqua un tournant pour le parti, mais également pour la région. En perdant le siège qui appartenait à la fois au parti radical (statistiquement) et au Jura bernois (juridiquement), cela marqua une période de doute au sein de la majorité probernoise qui commença à s’étioler face aux autonomistes qui profitèrent de cette frustration.

Les années 1990 marquèrent le début de la perte d’influence du PRJB. S’il parvint à récupérer son siège au Conseil-exécutif grâce à l’élection de Mario Annoni lors du scrutin de 1990, il commença à perdre de plus en plus de voix et d’élus, que ce soit au niveau cantonal et fédéral. L’année suivante, il perdit l’un de ses sièges au Conseil national et n’eut plus de représentant fédéral à partir de 1995 : l’UDC devint ainsi le seul parti du Jura bernois à être présent aux Chambres fédérales jusqu’en 2011.

Le PRJB fit partie des mouvements soutenant la mise en place de l’Assemblée Interjurassienne (AIJ) dans un souci d’apaisement du problème jurassien. De plus, le retrait de plusieurs grands noms de l’antiséparatisme de la scène politique permit aux radicaux de présenter une nouvelle équipe et de nouveaux objectifs dans le cadre du développement de la Question jurassienne. Ainsi, plusieurs radicaux firent partie du Groupe Avenir, dont le but était de développer un Jura bernois pourvu de davantage d’autonomie au sein du canton de Berne. Cela contrasta avec la vieille garde qui s’était satisfaite du statut du Jura bernois tel qu’il existait depuis les plébiscites des années 1970, alors que la relève (par exemple, Mario Annoni ou le président des Sangliers et député Guillaume-Albert Houriet) militait pour un statut progressif de la région et ce, dès les années 1980. Cependant, à l’instar de leurs aînés, la jeune garde du parti s’opposa farouchement à toute idée de réunification, préférant privilégier la mise en place d’un nouveau statut pour la région et les institutions et les partenariats développés grâce aux travaux de l’Assemblée interjurassienne. Il est d’ailleurs intéressant de souligner que le premier secrétaire de l’AIJ, Jean-Jacques Schumacher, était issu des rangs du PRJB.

En 2009, suite à la fusion des partis libéral et radical au niveau suisse, le PRJB changea de nom pour être davantage en conformité avec la nouvelle appellation du parti fédéral et devint ainsi le Parti libéral-radical du Jura bernois qui n’est cependant pas le résultat d’une quelconque fusion avec le Parti libéral jurassien qui se situe à l’opposé des positions des radicaux quant au statut du Jura-Sud. Cet évènement ne modifia pas la tendance qui se dessinait depuis de longues années : le parti perdait de plus en plus de voix et avait même cédé sa place de premier parti de droite à l’UDC. Preuve en est l’absence de candidat radical à l’élection de 2006 pour le Conseil-exécutif pour palier au départ de Mario Annoni (cette lacune fut corrigée en 2010 avec la candidature, certes malheureuse, de Sylvain Astier) ou à celle de 2011 pour la préfecture du Jura bernois. De plus, l’hémorragie électorale devint dramatique lorsque le PLRJB n’obtint qu’un seul député lors des élections cantonales de 2014.

Situé à la droite de l’échiquier politique, le Parti libéral-radical du Jura bernois défend des thèmes la responsabilité individuelle, la lutte contre les abus de la bureaucratie et de l’étatisme la sauvegarde de la propriété et de l’économie privée et la défense des valeurs démocratiques. Il prône également l’émulation des intérêts des citoyens du Jura bernois pour lequel il défend le statut quo + développé par l’Assemblée interjurassienne.


Présidents du PRJB

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1996-1998 Walter von Kaenel

1998-2003 Pierre Carnal

2004-2006 Béatrice Devaux Stilli

2006-2011 Sylvain Astier

2011-2015 Dave von Kaenel (a.i. 2011-2012)

2015-2022 Patrick Roethlisberger

2022- Jean-Luc Niederhauser


Elus du PRJB (depuis 1978) :


Conseil-exécutif

1978-1986 Henri-Louis Favre (président de 1980-1981)

1990-2006 Mario Annoni (président de 1994-1995, 1998-1999, 2005-2006)


Grand Conseil

Président du Grand Conseil (depuis 1978)

1988-1989 Rudolf Schmidlin (Laufon)


Présidents de la Députation (depuis 1978)

1980-1981 Albert Giauque

1986-1987 Marcel Wahli

1992-1993 Hubert Boillat

1995-1996 Ronald Ermatinger

1998-1999 Yvette Voutat

2006-2007 Sylvain Astier


Nombre d’élus du PRJB au Grand Conseil bernois (dès 1978)

1978-1982 : 4 (14 Jurassiens sur 200)

1982-1986 : 3 (12 Jurassiens sur 200)

1986-1990 : 4

1990-1994 : 3

1994-1998 : 3

1998-2002 : 3

2002-2006 : 3

2006-2010 : 2 (12 Jurassiens sur 160)

2010-2014 : 2

2014-2018 : 1


Conseil du Jura bernois

Présidents

2006-2007 Jean-Jacques Schumacher

2010-2011 Willy Sunier

2014-2015 Willy Sunier


Nombre d’élus radicaux au Conseil du Jura bernois (depuis 2006)

2006-2010 : 5 (sur 24)

2010-2014 : 3

2014-2018 : 3


Conseil national

(1975)-1979 Roland Stähli

1979-1991 Marc-André Houmard

1979-1995 Geneviève Aubry


Conseil des Etats

(1975)-1979 Maurice Péquignot

Auteur·trice du texte original: Frédéric Maillard, 27/08/2015

Dernière modification: 04/07/2022

Bibliographie

Annuaire officiel du canton de Berne (diverses années)

Yves Diacon, Jean-François Nussbaumer, Histoire du Jura et du Jura bernois. Du Moyen Age à l’Epoque contemporaine, 2011

Alain Pichard, La Question jurassienne. Avant et après la création du 23e canton suisse, 2004

Bernard Prongué, L’écartèlement : espace jurassien et identité plurielle, 1991

Jean-Jacques Schumacher, L’Assemblée interjurassienne : histoire et perspectives. 1985-2004, 2005

Bernard Voutat, Espace national et identité collective : pour une sociologie du conflit jurassien, 1992

Ernest Weibel, Institutions politiques romandes : les mécanismes institutionnels et politiques des cantons romands et du Jura bernois, 1990

www.sta.be.ch/sta/fr/index/wahlen-abstimmungen/wahlen-abstimmungen/wahlen.html (29.10.2014)

www.chronique-jurassienne.ch (29.10.2014)

www.plrjurabernois.ch (29.10.2014 ; 18.6.2022)

Le Démocrate, 8 mars 1976 ; 15 novembre 1977 ; 12 janvier 1978 ; 24 avril 1978 ; 28 décembre 1978 ; 7 février 1979

Le Journal du Jura, 1er mai 2003 ; 8 mai 2004

www.rjb.ch (27 mars 2015)

Suggestion de citation

Frédéric Maillard, «Parti radical du Jura bernois (PRJB)», Dictionnaire du Jura (DIJU), https://diju.ch/f/notices/detail/1003517-parti-radical-du-jura-bernois-prjb, consulté le 16/04/2024.

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